J'ai un jour effectué un sujet sur des femmes violées. Des mois pour finalement obtenir au fil des rendez-vous, une quinzaine de témoignages alors que j'avais facilement rencontré plus de 60 femmes de tout âge un jour victime d'abus sexuel. Pourquoi n'en garder que quinze? Parce qu'il fallait bien faire une sélection et que certaines, même trente ans plus tard, avaient beaucoup du mal à livrer TOUT le ressenti. De l'acte lui-même mais surtout de la gestion, après, et des dommages sur leur vie de femme. D'abord, dire qu'il ne faut jamais faire de généralité et que chaque cas est vécu de façon différente. Il n'y a donc pas de recette "toute faite" pour le viol.
Tout ça pour en venir à un cas qui m'avait particulièrement marqué. Au moment du reportage, elle avait 24 ans. Elle avait été abusée par un ami de son père quand elle avait 16 ans. Elle s'était confiée à sa mère. Celle-ci n'avait jamais rien révélé au père parce que ça à allait le mettre hors de lui et qu'il considérerait l'honneur de la famille bafoué et renierait finalement sa fille. Elle a donc dû non seulement se taire mais en plus continuer à voir cet ami fréquenter son père, etc...
Le plus étonnant, c'est en quoi cela a transformé cette fille. On s'est vu au moins une quinzaine de fois pour le témoignage mais dès la première rencontre, elle "tranchait" avec les autres. Parce qu'elle était belle, sexy et très à l'aise avec son corps et que son visage ne trahissait aucune flétrissure intérieure. Son look, son comportement, volontiers exhib, ses multiples conquêtes, les orgies, elle assumait tout. Elle me confiait même que ses orgasmes les plus forts, elle les connaisssait lors de rapport où la contrainte et une certaine agressivité intervenaient.
Comme quoi, il faut bien considérer cas par cas, sans juger, et éviter les a priori.
Et pour info, il y avait un homme aussi, dans les victimes. Violé par une femme, pas par un autre homme, hein. Moins courant mais dégâts tout aussi importants.
