Depuis la séparation d'avec le père de mon fils, j'avais une relation tout sauf satisfaisante avec un homme qui vivait à environ 500 km de chez moi. Au lit, c'était assez jouissif, surtout au début, j'ai découvert des choses, pu parler pour la première fois des pratiques qui m'attiraient, j'ai pu expérimenter sur ce sujet, apprendre à me connaître. Mais, malgré tous ses beaux discours, monsieur n'était pas prêt pour une vraie relation... Il a très vite cherché ailleurs un dérivatif au fait que nous soyons séparés physiquement, m'a menti, puis a commencé à revenir vers moi sans arrêt quand ça allait mal pour lui, et moi, pauv' conne, j'marchais à chaque fois

Puis j'ai fini par abandonner, lâcher prise, accepter l'idée qu'il n'était pas fait pour moi. Je ne sais plus exactement quand s'est produit le déclic mais j'ai juste... accepté qu'au fond, quand nous étions ensembles, ce n'était pas mieux que toute seule.
J'ai commencé à faire abstraction des bons souvenirs, les reléguer au plan de ce qu'ils sont : des souvenirs. Et j'ai décidé de vivre, juste pour moi, rien que pour moi. Introspection, réflexion, et l'achat de mon tout premier sex-toy

Mine de rien, même si c'était dur, j'ai appris à me connaître mieux. Appris à faire le tri de ce que je voulais, et de ce que je refusais de la vie, ou d'un homme. Appris aussi à ne pas considérer le manque comme une fatalité. Au fond, s'il me manque et que ça me bouffe c'est que je ne m'occupe pas assez de moi, hein?
Bon, je ne dis pas que ça a marché du premier coup....
J'ai eu des rechutes, des moments durs, une rencontre avec un homme qui lui ressemblait pas mal et a failli me prendre au jeu et ça aurait recommencé...
Puis j'ai eu ma période "l'amour ça craint" : Je me persuadais moi-même que c'est un leurre, une sorte de passion débile qui s'éteint vite et qu'on n'arrive pas à remplacer par autre chose dans le temps, à moins d'être froid comme un poisson et très réfléchi dans ses relations aux autres.
Et j'en parlais, avec un homme dont je savais que lui m'aimait. Non, plus exactement, je pensais qu'il s'imaginait m'aimer, que je lui servais de bouée de sauvetage suite à son divorce épuisant... Nous avions depuis 4 ans une relation intense, de camaraderie, de jeu, de complicité, nous nous savions attiré l'un par l'autre sans nous en donner le droit, marié qu'il était, en couple et jeune maman que j'étais. Pour moi, nous avions tourné la page, mais lui insistait... Des fois, ça me mettait mal à l'aise, je ne voulais pas lui faire de mal, lui dire que je ne l'aimais pas/plus, qu'il ne m'attirait même plus... Puis c'est le genre gentil garçon, très porté sur le dialogue, très "au service" de la femme qu'il aime, très conciliant, le genre que je ne m'imaginais pas fréquenter...
Un jour il m'a dit : je viens te voir, ça fait deux ans que j'en parle, là j'ai pris une semaine de vacances.
J'ai passé des semaines entre appréhension, anxiété, joie fébrile, excitation et peur de la déception... Et nous parlions au téléphone, encore, et encore, de nos enfants, de son divorce, de mon célibat, je me laissais aller à lui dire tout ce que j'avais sur le coeur... sans même m'en rendre compte.
Et quand soudain il a été là, sur le parking près de chez moi, je l'ai pris dans mes bras et toutes les pièces du puzzle ont pu se mettre en place. Il était mon ami, mon confident, mon camarade de jeu, depuis si longtemps, mais il était aussi là en chair et en os, et il m'aimait. Il me l'a dit, répété, des dizaines de fois avant que moi je prenne conscience de mes sentiments. Et je ne regrette pas.
J'avais raison de me protéger, le temps de guérir de mes blessures. J'avais raison d'avoir peur, on a toujours peur. J'ai encore peur, de le perdre, qu'il ne m'aime plus, que je ne l'aime plus. Mais je sais que de toutes les personnes que je connais il est le seul à qui je puisse en parler. Le seul qui me prenne la main pour me dire : je t'aime.
Tout ce que je veux retenir de ça : c'est parfois la personne qui nous parait la moins indiquée, la moins attirante en soi, a priori, qui sera en fin de compte la plus compatible, la plus ouverte, la plus adaptée, pour nous. Peut-être parce que nous avons l'habitude de l'échec, et que nous nous dirigeons vers ce que nous connaissons, alors que l'inconnu, qui justement nous réserve peut-être une bonne surprise, nous fait trop peur.